Quintet parlant  sonnant
à corps sans dessus dessous
(cirque théâtre musique)

Ce projet est soutenu par la Région Auvergne-Rhône-Alpes
Claire Rengade:  texte, voix.
Colline Caen : voltigeuse
Serge Lazar : acrobate
Deux musiciens : Etienne Roche, Philippe Pipon Garcia
Partenaires : Région Auvergne-Rhône-Alpes, Baron de Bayanne, Centre Européen de Conques // recherche en cours

 

L’histoire de Lambert

Lambert est un personnage lambda, juste un homme comme vous et moi, qui déchiffre son parcours professionnel qui « doit » bouger, dit la tendance. De salles d’attente en entretiens, on lui propose de changer, de monter les échelons, de devenir pivot, rouage, c’est un labyrinthe de propositions. Entre stupeur et reconversions, l’argent et le sentiment, Lambert réalise que son environnement est une sorte de toile d’araignée dont il est la proie. Pour s’en sortir il faut gagner, et pour gagner trouver l’entrée d’un jeu qui a sa logique à lui.

 

Les mots de l’autrice

Serge Lazar et Colline Caen sont au cadre.
C’est un lieu. Un lieu précis, nécessaire, contraignant, support, ouvert et fermé à la fois, un lieu de travail.
C’est un espace comme une boîte.
C’est aussi une personne qui travaille dans cette boîte : je peux « être cadre ».
J’écris un texte sur un homme qui travaille dans une boîte.
Nous l’appellerons Lambert car c’est un nom commun qui me fait penser aussi à un n’importe qui dessiné par Sempé.
Parce que nous pouvons tous être Lambert.
Dans ce texte, je poursuis de façon encore plus musicale mon travail de gravure de la parole : les textes sont écrits sur des « mouvements de situations de parole ». On n’écrit pas au même tempo un texte de chauffe (ou de début), un trio ou un monologue, une foule ou un paysage.
Il s’agit d’écrire aussi sur la contrainte acrobatique : quel temps me reste-t-il pour les mots dans le mouvement ou entre les mouvements ?
L’acrobatie a ses lois comme un instrument a ses tessitures.
J’explore, nous composons.

 

L’acrobatie et la parole : un théâtre à entendre

Colline Caen est – ce qui est rare – une voltigeuse qui parle. Cette double formation de comédienne acrobate a favorisé la rencontre avec Claire Rengade qui cherche déjà quelle intimité la voix peut apporter au spectaculaire.
En mélangeant les disciplines (cirque théâtre musique) cette recherche inspire des textes sur-mesure et un nouveau langage de création entre les interprètes. Cette fois, nous voulons éprouver la performance, c’est à dire notre capacité aux esquisses avant l’œuvre. Pas de regard extérieur, tout le monde est sur scène, ce sont des années de recherche mises à l’épreuve de la pratique, comment nous portons ce que nous cherchons en le donnant à entendre avant de le donner à voir, ce qui est encore un pari en acrobatie. Nous voulons porter un théâtre à entendre avant qu’il ne soit vu, faire confiance à ce qui sonne pour porter ce qui sera vu : deux acrobates, une autrice comédienne et un musicien, en plein mouvement de parole.

 

Les mots de Colline Caen

Le travail avec Claire pendant six ans m’a donné le goût du « mâchage » de texte dans l’immédiat. Comment, dans un présent exacerbé, dire devient une sensation physique à partager avec des spectateurs ou plutôt un Grand spectateur.
L’idée d’un travail avec et autour de la performance me paraît aujourd’hui le bon chemin voir le bon rendu pour poursuivre cet instant, garder le sensible, se laisser faire tout en ayant une partition textuelle et/ou physique millimétrée et parfaitement intégrée…
Les laisser sortir et suivre leur propre chemin d’évolution à travers soi et pour ceux avec qui nous partageons cet instant.

 

Un travail pluridisciplinaire qui naît de la performance

Le premier travail consiste à nous contaminer les uns les autres dans nos arts, en immersion.
Cela n’a rien de mystique, c’est très physique au contraire, et nous avons l’habitude de le faire en commençant à performer les uns les autres en amont, seuls ou avec d’autres artistes (musiciens, plasticiens)
Le corps et la voix ne réagissent pas de la même façon selon les instruments partenaires, la voix se teinte du cuivre ou des cordes, l’espace change le rapport au son, les corps sont des supports et des matières. L’expérience est plurielle et forcément publique pour qu’elle connivence avec ce qui est propre du spectacle vivant : la présence physique des spectateurs. Nous travaillons un spectacle adressé, millimétré au niveau de l’écriture mais influencé par l’autre dans son tempo ou sa couleur. C’est toujours le cas dans le spectacle vivant mais c’est un autre chemin de travailler à vue en alternance : l’expérience ajoute des pierres à l’expérimentation, notre écriture scénique s’enrichit.

 

La parole, la voix et le souffle

Ce que nous arrivons à faire tous les jours, parler, n’a pas les mêmes lois sur scène. La parole sur scène n’est pas un mime de la parole sauvage, elle se compose, elle s’ellipse, elle s’inspire du vrai pour faire croire au vrai. La fiction, c’est ce léger décalage entre ce que nous savons vrai et la mise à distance scénique. Parler et chanter utilisent le même corps, mais pas le même cerveau. Cet aller-retour permanent entre la parole et le chant vient enrichir les résonateurs et permet à l’acteur de rester lui-même, c’est à dire de ne pas singer sa voix.
Un violon ne se change pas en trompette, mais il peut chercher la forme de la trompette, faire semblant. Et le résultat ne sera pas une trompette mais une image personnelle de la trompette qui donnera une image à entrée multiples : une métaphore.
Parler et chanter nécessitent du souffle ; respirer tout le monde sait faire. Soutenir c’est plus sportif ; ce même souffle est indispensable à l’acrobatie, on peut le faire entendre et on peut certaines fois ne pas le faire taire. Nous cherchons aussi des choses impossibles : comment inspirer en expirant, parler en apnée (dans l’effort que fait ma voix ?), à s’étouffer joyeusement on trouve d’autres entrées de la voix et du mouvement.

La musique

La musique fait partie de l’écriture. Entre composition et improvisation elle est forcément sur scène pour accompagner la voix et le mouvement, elle s’adapte au tempo du vivant, elle précise, elle souligne, elle résonne, elle emporte. La musique est voix et lieux, corps et espaces, elle a le dehors et le dedans tout en même temps, elle est un volume, elle influence la voix et le mouvement. Elle harmonise, elle additionne, elle dépasse du cadre. La musique n’est même pas une question : elle est là de toutes façons, et il y aura au moins un musicien sur scène avec le trio.
Pour l’instant Claire Rengade commence des chantiers autour du texte parallèlement à l’écriture avec deux hommes pluriels : Etienne Roche (composition et contrebasse) et Philippe Pipon Garcia (batterie). Comme le texte la composition ne s’invente pas qu’au plateau et il nous faut encore quelques mois pour préciser quels instruments (et donc quel(s) musicien(s) seront à l’interprétation…

 

Les mots de Serge Lazar

Nous prenons avant tout notre langage physique au cadre comme un moyen d’expression. Raconter, parler de l’humain est notre motivation principale. L’utilisation de nos muscles, de notre cerveau et de nos cordes vocales est nécessaire au geste.
Forts de nos 8 années d’expérience commune avec Colline, mais aussi individuelle, la performance est aussi aujourd’hui l’espace pour laisser naître nos questionnements, nos ressentis du monde.
Un espace libre pour crier, se tordre, dire.
Les textes de Claire sont vivants. Ancrés au présent, au jour le jour chaque lieu ouvre de nouveaux possibles.
Faire confiance à l’expérience et au travail de toutes ces années, à notre perméabilité réciproque, c’est cela risquer cette liberté qu’est la performance.

 

Calendrier 

20 – 23 juillet 2017 : Résidence de création, Romans-sur-Isère
29 août – 2 septembre 2017 : Résidence de création au centre Européen de Conques
// en cours 

Ce projet est soutenu par la Région Auvergne-Rhône-Alpes